Arrosoirs & sécateurs

Le BRF : des questions... des réponses

Les pages concernant le BRF ont été écrites par “Toulhouet 29”, qui écrivait sur un forum qui n’existe plus aujourd’hui.

Suite à la parution de ces pages, une discussion s’était engagée.

En voici un extrait qui vient compléter les trois premières pages.

Question de “Anne” le 25/6/07

... je me demande pourquoi c’est une technique inconnue de presque tous les jardiniers amateurs.

Réponse de Toulhouet le 25/6/07

C’est vrai que cette technique culturale est peu connue et peu employée. Malheureusement !

Quelques éléments d’explication :
Il s’agit d’une technique jeune (les premières études universitaires sérieuses datent à peine d’une trentaine d’années).

Elle a surtout été étudiée et mise au point par des chercheurs d’universités du Canada (surtout Québec) et de Belgique (surtout Wallonie). Pourquoi pas en France ?… allez demander aux absents pourquoi ils ne sont pas là !

Compte-tenu de ses résultats remarquables, cette technique BRF a surtout trouvé application chez des agriculteurs professionnels et également dans des territoires très concernés par des sols infertiles ou soumis à de lourdes conditions de sécheresse.
C’est ainsi qu’elle a été très avantageusement utilisée à Madagascar, dans plusieurs pays d’Afrique noire, en Inde…
Il s’agit donc d’une démarche sérieuse et vérifiée dont on aurait tort de se priver.
Et surtout, cela oblige à une sacrée révision de bon nombre d’idées reçues.
La plus importante étant –pour moi– que la nature recèle toutes les ressources nécessaires à son bon et plein développement –pour peu que l’on sache les découvrir et les utiliser– et que toutes les “saloperies” que nous refilent les jardineries (et au-delà), sous couvert d’appellations élogieuses (fertilisants, amendements, désherbants…), ne servent, en fin de compte, qu’à dégrader et empoisonner les sols.


Question de “Bagooblue” le 25/6/07

Vous dites que l’on peut utiliser des tailles de haie (sauf conifères)… j’avais lu (une autre fois, ailleurs) que les tailles de haies devaient être brûlées et ne devaient en aucun cas aller ni au compost, ni au paillage, car elles sont porteuses de maladies, de champignons…
Avez-vous une recommandation… J’ai une haie de Lonicera et pour l’instant je porte les tailles à la déchetterie ! Si je pouvais pailler avec ou les mettre au compost ce serait bien.

Réponse de Toulhouet le 25/6/07

A priori, les tailles de votre haie de Lonicera (une forme arbustive, je suppose) peuvent très bien être broyées et utilisées en BRF.
Je ne comprends pas très bien pourquoi les tailles de haies seraient porteuses de maladies (lesquelles ?)
J’insiste à nouveau sur un point : votre broyat sera d’autant plus actif qu’il proviendra de végétaux d’essences variées.
Je vais être un peu provo. :
… vous avez lu qu’il ne fallait pas mettre les tailles de haies au compost ni au paillage…
mais avez-vous essayé ? Histoire de voir, histoire de vérifier…
Rien ne vaut l’expérience personnelle. Méfiez vous de ce qui se dit… et s’écrit ici ou là.
Si c’est faux, ce serait dommage de se priver d’une ressource précieuse,
Si c’est vrai, l’expérience qu’on a menée nous a certainement apporté de riches enseignements.
… et vous aurez fait l’économie de navettes à la déchetterie.
Au fait, qu’est-ce qu’ils en font à la déchetterie de vos coupes de Lonicera ? Ils les brûlent… ou ils les mettent à faire du compost ??!!


Question de “Nanette” le 22/9/07

- Faut-il désherber avant de répandre le broyat ?
- Comment semer ? Écarter le broyat , semer dans la terre et recouvrir de broyat ? ou semer dans le broyat ?
- Comment ce broyat peut déloger les racines des adventices et en même temps enraciner les semis ou boutures ?

Réponse de Toulhouet le 25/9/07

- Faut-il désherber avant de répandre le broyat ?
Personnellement, je trouve que cela n’est pas indispensable .
D’une part, la présence de quelques adventices contribue à aérer le broyat et à ancrer le mycélium. D’autre part, dans la mesure où j’effectue l’apport principal de broyat en fin d’hiver, je dispose d’un sol peu végétalisé.

- Comment semer : écarter le broyat , semer dans la terre et recouvrir de broyat ? ou semer dans le broyat ?
Suite à cette question, vous suggérez deux méthodes. Hé bien, essayez les !
Personnellement, je n’ai actuellement qu’une expérience d’utilisation du BRF sur plantations.
Je compte également expérimenter des semis sur (sous) BRF à la saison prochaine.
Nous pourrons ainsi confronter nos pratiques et nos résultats.
Vous voyez, c’est en marchant qu’on avance !

- Comment ce broyat peut déloger les racines des adventices et en même temps enraciner les semis ou boutures ?
A vrai dire, le BRF ne “déloge” pas les adventices (qui sont des plantes comme les autres), mais son action sur la structure du sol rend les interventions de désherbage beaucoup plus faciles et plus efficaces compte-tenu de la légèreté et de la souplesse du sol.
De plus, les plants vont avoir une installation et une croissance très améliorées, ce qui va retarder de façon spectaculaire l’apparition de nouvelles adventices.


Question de “Sakura” le 6/10/07

... mais combien de temps est-il efficace ?
et doit-on à un moment donné le remplacer ?

Réponse de Toulhouet le 6/10/07

Vous posez la question de la périodicité de l’épandage du BRF.
Très honnêtement, comme ça fait un peu plus de deux ans que je pratique, je n’ai pas encore un historique personnel très étendu (dans une cinquantaine d’années, je pourrai vous répondre de façon plus autorisée !)
Mais en attendant, je vous indique ce que préconisent la plupart des BRFeurs plus anciens.
Lors de la première mise en place (il est recommandé de l’effectuer vers janvier-février), il faut épandre une couche de 2 à 3 cm de BRF sur le sol (potager et jardin d’agrément). On peut aller jusqu’à 10 cm sous les arbres (verger et espace arboré).
Cet apport initial, avec l’apparition du mycélium (c’est lui qui fait le boulot !) est actif dans la plupart des cas pendant cinq années (moins longtemps dans les terrains sablonneux).
Il faudra alors refaire un apport identique pour continuer le processus.
Je vous rappelle que le BRF n’est pas un produit type fertilisant ou amendement qui viendrait apporter un plus éphémère à la surface du sol, mais un matériau vivant qui vient apporter du vivant au sol, en le restructurant en profondeur (la fameuse pédogénèse).
Entre ces apports principaux de BRF, il est tout à fait indiqué d’apporter sur les sols déjà recouverts une légère couche de complément (1 à 2 cm) notamment pour compenser l’incorporation dans le sol du BRF déjà en place. Et ça permet d’utiliser au mieux les broyats de l’année.
En aucun cas (pour reprendre votre dernière question), on ne le remplace, dans le sens où on enlèverait le BRF en place pour en mettre d’autre (du frais !)
Comme en milieu forestier, l’apport de matériau nouveau se fait par dessus le sol existant.


Question de “Nanette” le 17/10/07

... J’ai pu obtenir un mélange de charme, noisetier, sureau, frêne et arbuste d’ornement pour mon broyat...
... Donc, j’ai travaillé la terre sans la retourner, à la fourche-bêche, enlevé les mauves et compagnies et j’y ai étalé le broyat, 3 à 5 cm, je pense, en tout cas je ne vois plus la terre à travers...
... Au printemps, avant de planter, faut-il passer le croc pour incorporer le broyat à la terre ?
Bon, dites-moi, jusque là, est ce que j’ai correctement travaillé ? Y a-t-il quelques choses à rectifier, à ajouter ?

Réponse de Toulhouet le 17/10/07

... Côté essences, pas de problème : charme, noisetier, sureau, frêne…c’est du tout bon.
Côté préparation du sol, ça m’a l’air aussi bien parti : un travail à la fourche-bêche ou à la bio-bêche (surtout ne pas retourner le sol !) et enlèvement d’un maximum d’adventices, mais sans se prendre la tête ; celles qui n’ont pas voulu venir maintenant, ou qui germeront après, s’enlèveront dix fois plus facilement quand le sol aura commencé à se restructurer.
Puis épandage du BRF frais. Puis repos (le meilleur moment de la procédure !) et attente de l’apparition du mycélium.

Vous posez la question de l’incorporation du BRF avant la mise en culture. Sur ce point, il faut savoir que les deux options coexistent.
- Certains BRFeurs préconisent l’incorporation superficielle trois à quatre mois après l’épandage.
Avantage : évite le dessèchement du broyat et accélère la pédogénèse ;
Inconvénient : favorise le phénomène de “ faim d’azote” et contrarie donc une production optimale.
- D’autres BRFeurs (j’en suis), considèrent que l’épandage seul suffit au décompactage du sol et à sa restructuration en profondeur. Cette année, j’ai conduit ainsi une culture de cucurbitacées (courges, courgettes, concombres et potimarrons) et je n’ai constaté aucun ralentissement de production dû à une éventuelle “faim d’azote”. Qui n’a pas vu ma belle fleur de courgette envoyée les jours derniers ? Je serai donc plutôt tenté de vous dire d’en rester à un épandage sans incorporation. Mais il faut savoir que les deux “écoles” existent.


Une astuce pour contrer cette éventuelle “faim d’azote” qui peut apparaître la première année : planter des légumineuses (haricots, petits pois…) qui ne prennent pas d’azote dans le sol (elles fixent l’azote de l’air) et qui au contraire en apportent.

En tous cas, notez bien (y compris par écrit) toutes vos interventions, de la plantation ou du semis à la récolte, pour pouvoir tirer un bilan de fin de saison et apporter d’autres améliorations à la saison prochaine.

Et pour pouvoir aussi échanger avec d’autres BRFeurs, bien sûr !


Question d’Éléonore le 7/02/2008

Bonsoir, j’ai un broyeur depuis la dernière fête des mères.
Voici ce que je découvre, forte de ma petite expérience de neuf mois pendant lesquels j’ai broyé à peu près toutes les essences de mon jardin, des arbustes surtout, et épandu en couches successives jusqu’à 8 cm à peu près partout.
Bon eh bien partout ou presque, je retrouve le sol presque noir, la couche a pratiquement disparu (je n’ai rien mis depuis deux mois), comme mangée par la terre. La dessous c’est tout souple, les mauvaises herbes se laissent arracher.
Sauf à un endroit où je n’avais mis que du broyat de genêts : rien ne s’est transformé, tout est resté sec et en surface.
L’erreur est de n’avoir utilisé qu’une seule essence ou bien est-ce le genêt qui pose problème ?

Merci de m’aider à avancer sur ce sujet.

Réponse de Toulhouet le 7/02/2008
Bonsoir Éléonore,
Riche de votre première expérience, vous décrivez très bien l’aggradation du sol (presque noir - tout souple) et l’incorporation naturelle du BRF (comme mangé par la terre).
Sauf à un endroit. Là où vous avez étendu exclusivement du broyat de genêt.
En ce qui me concerne, j’en mets aussi, mais toujours en mélange avec d’autres essences (chêne, châtaignier, hêtre, noisetier et divers lauriers). Et j’avoue n’avoir jamais rien remarqué de pareil. A propos, vous dites : “tout est resté sec et en surface” ; vous avez bien utilisé du genêt vert et vivant ?
Personnellement, comme nous sommes en pleine période d’épandage, j’apporterais une nouvelle couche sur le secteur récalcitrant en veillant bien à réaliser un mélange d’essences.
Surveillez l’apparition du mycélium, il devrait se montrer d’ici un petit mois.
Et merci de nous tenir au courant.

Réponse d’Éléonore le 7/02/2008

Merci Toulhouet, pour votre réponse : ce broyat récalcitrant ne me semble pas de bon augure, et vous avez sans doute raison, le genêt devait être sec quand je l’ai broyé. Même sa structure était différente de ce que j’obtiens d’habitude en mélangeant les essences. Là, c’était très grossier, ligneux, je ne sais pas comment le décrire en tout cas, pas fin du tout ! Je vais suivre votre conseil et dès que j’aurais de quoi faire marcher mon engin, je mélangerai avec du frais...
Au fait, la dernière fois que j’ai broyé, il y a environ deux mois, j’ai tout épandu, sauf une pleine poubelle ! Que j’ai oubliée... jusqu’à aujourd’hui. J’ai appris qu’il ne fallait pas trop utiliser le broyat composté, mais comme j’ai besoin de me tromper pour apprendre, j’ai pris à pleines mains ce broyat pour le répandre au pied de rosiers, et j’ai découvert sous la première couche mouillée et un peu transformée un magma blanchâtre, un peu poussiéreux, qui sentait bon la forêt. J’allais pas jeter tout de même !!

Réponse de Toulhouet le 7/02/2008

Permettez moi, Éléonore, de recentrer les choses.
Il faut avancer prudemment car on arrive ici à des situations et des pratiques qui n’ont rien à voir avec des recettes de cuisine du style : “Je lis, je pèse, je touille… et basta !”
Au contraire, on fait appel ici à toute notre réflexion, notre observation, notre expérimentation.
Et puisque vous avez répandu le contenu de votre poubelle au pied de vos rosiers, observez maintenant comment va se comporter ce paillis, et au fil du temps, le sol en dessous. Et c’est ainsi qu’on avance.
Vous parlez de “magma blanchâtre, un peu poussiéreux” sous une première couche mouillée. On peut difficilement en dire plus, mais en parlant de basidiomycètes dans mon post suivant, je voulais préciser que le mycélium qui est en action au départ du processus BRF est un champignon spécifique, qui se développe dans le broyat mis en surface (en fait, il se nourrit de la lignine des copeaux) et qui a besoin d’oxygène (aérobie).
C’est pourquoi on peut s’interroger sur la nature d’un entrelacs blanchâtre apparu en milieu clos sous une surcouche mouillée. A voir.

Vous abordez aussi le sujet du compost. Vaste dossier où les pratiques des uns et des autres sont souvent très diverses. Mais cela est un autre chapitre... qui mériterait bien quelques échanges approfondis.

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